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Bruxelles ensanglanté

(Dessin de Johan De Moor publié dans «Le Soir du 23/03/2016)

Bruxelles, mardi 22/03/2016

Attentats et Politique

Pour des raisons diverses de priorité, j’ai mis ces rubriques en veilleuse quelque temps. Depuis, l’actualité politique n’a pas chômé et a été hélas dominée sans conteste par la tragédie de Bruxelles. Dès lors, comment ne pas accorder en premier lieu nos pensées aux nombreuses victimes innocentes et à leurs familles ?
 
Au-delà de l’émotion, une question lancinante continue cependant de s’imposer à nous : pourquoi cette violence abjecte ? Quand on soumet cette question aux « experts », il apparaît évident qu’il n’y a pas de réponse simple, encore moins de réponse simpliste comme il est parfois suggéré.
 
Du sort injuste réservé depuis de nombreuses années au peuple palestinien au chaos instauré en Irak et en Libye par les interventions militaires occidentales, en passant par la guerre d’Afghanistan, les révoltes face aux dictatures sévissant dans les pays arabes et la guerre en Syrie, soit autant de causes complexes de la frustration des populations musulmanes exploitée sans vergogne par des activistes délirants.
 
S’y ajoutent les problèmes internes à nos pays européens : les ghettos de populations immigrées en défaut d’intégration, leurs problèmes économiques, sociaux et identitaires. À titre d’exemple, la Région bruxelloise attire chaque jour plus de 300.000 navetteurs du pays entier, alors que le taux de chômage de la jeunesse locale, issue principalement de l’immigration, atteint des sommets vertigineux.
 
Alimentée de surplus par les effets pervers de la mondialisation, cette situation aurait pu comme au siècle passé engendrer manifestations ou émeutes. Probablement, notre sécurité sociale a-t-elle mis un couvercle sur cette marmite en train de bouillir, mais n’a pu empêcher ce nouveau phénomène du terrorisme aveugle.
 
Leurs auteurs peuvent-ils pour autant se prévaloir d'une quelconque excuse ? Ce serait trop facile. D’ailleurs, c’est en prenant naissance dans une délinquance urbaine (alcool, drogue, vols, agressions armées, etc., soit des interdits de leur religion familiale) que le passage à l’état adulte de ces jeunes désorientés s’est manifesté aussi dramatiquement.
 
Car ne nous y trompons pas : ce ne sont pas des adolescents immatures endoctrinés dès leur plus jeune âge qui sacrifient leur vie dans ces actions criminelles. Au contraire, ce sont souvent des adultes nés chez nous, proches de la trentaine ou l’ayant atteinte.
 
Sont-ils fous ? Cela ne paraît pas possible à une telle échelle. S’ils sont aussi nombreux à rechercher une nouvelle utopie en « se convertissant au djihadisme », comme disent certains experts, la lucidité nous impose d’admettre qu’il s’agit d’un phénomène de société.
 
Alors que doivent faire nos élites politiques ?
  •  Chercher des coupables dans les autres partis ? À quoi bon ?
  •  Gaspiller l’argent public en déployant des militaires dans les rues alors que l’expérience et le bon sens prouvent à suffisance l’inefficacité d’une telle mesure dès lors que les auteurs des attentats terroristes ont décidé de s’immoler ?
  •  Faire des déclarations triomphalistes et jubilatoires pour s’attirer les félicitations du monde entier, comme on a pu le voir après la capture dérisoire d’un triste individu dont le nom et le rôle ont été démesurément médiatisés ?
  •  Perdre son temps en ajoutant la stupidité à l’horreur en imaginant des mesures symboliques et risibles, telles des peines incompressibles pour des terroristes candidats au suicide ?
  •  Prendre une posture théâtrale dans des simulacres de démission ?
  •  Tenter de reporter sa responsabilité sur un fonctionnaire quelconque ?
  •  Organiser des conférences de presse, participer à des manifestations pour se justifier ?
N’en déplaise aux « rambos de la politique », dénoncés ici même, et à qui les terroristes se sont chargés de donner une terrible leçon d’humilité, l’histoire nous apprend qu’un problème social ou sociétal n’a jamais été résolu par la seule répression. Tuer un terroriste en crée quelquefois deux autres.
 
Quoique ce soit moins spectaculaire, investir dans la prévention éducative et sociale, ainsi que, terrorisme oblige, dans les services de renseignements, semble donc la meilleure réponse.
 
Cette option demande néanmoins d’autant plus de courage politique que le gouvernement actuel n’a cessé de pratiquer l’inverse. En affaiblissant la puissance publique dans un État déliquescent et en amplifiant les inégalités sociales, il marche hélas à reculons de l’histoire. 
 
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 28 avril 2016
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