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Le Tennis-Club de l'Espoir déçu à Ayeneux

Tennis-Club

Devoir ou Délit d'Humanité ?

Ce dimanche 3 novembre, rentrant à mon domicile après quelques jours d’absence pour raisons familiales, je prends connaissance d’un courriel d’un ami m’invitant à participer à une réunion d’information de l’ASBL « L’Odyssée du Monde » au sujet du projet humanitaire d’hébergement provisoire de migrants au Tennis-Club des 3 Chênes à Ayeneux.
 
Celle-ci ayant dû être déplacée à Barchon après avoir été frappée d’interdiction dans les locaux du tennis par notre Bourgmestre.
 
Qu’est-ce qui justifiait de telles mesures ? Notre sécurité était-elle menacée ? Étions-nous en présence de manifestations de dangereux révolutionnaires en faveur de délinquants avérés ? Était-ce une réponse nécessaire aux quelques réactions de peurs, voire de haine, diffusées sur les réseaux sociaux ?
 
En fait, rien de tout cela.
 
Alors, de quoi s’agit-il ?
  •  Plus grand monde n’ignore la présence de migrants aux alentours de l’aire de parking de routiers à Cerexhe-Heuseux. Jeunes pour la plupart, chassés de leur pays par la guerre et la misère, ils rêvent de rejoindre l’Angleterre où l’attendent, espèrent-ils, des conditions de vie meilleures.
  •  On sait aussi que les Bourgmestres de Blegny et de Soumagne ont fermé ce parking au détriment des routiers, et aboutissant au mieux à déplacer le problème sans le résoudre.
  •  Les conditions de vie et d’hygiène de ces migrants sont particulièrement déplorables. À vrai dire, selon le nouveau décret, si certains d’entre nous traitaient de cette façon leurs animaux domestiques, ils seraient sans nul doute poursuivis pour maltraitance.
  •  Des citoyennes et citoyens d’une extrême générosité se sont émus de cette situation, pour le moins précaire, de ces jeunes gens. Face à l’inertie des pouvoirs publics, ils se sont organisés pour les accueillir quand c’était possible dans leur propre habitation.
  •  À l’aube de l’hiver, la situation s’aggravant, il s’agissait d’en faire davantage. Pour cela, ces bénévoles se sont organisés en association en faisant appel à l’aide généreuse de la société civile.
  •  C’est ainsi qu’est née l’ASBL « L’Odyssée du Monde » dont, selon les statuts, le but est de « promouvoir pour les personnes dans une situation socioadministrative précaire la protection telle qu’affirmée par la déclaration universelle des Droits de l’Homme, une réponse aux besoins vitaux de base ainsi que l’accès aux droits juridiques, sociaux et éducatifs contribuant à un meilleur vivre ensemble. De veiller à l’égalité de traitement et à la non-discrimination. »
  •  Le projet d’Ayeneux.
    •  N’ayant eux-mêmes aucune activité dans l’humanitaire, les nouveaux propriétaires du Tennis-Club des 3 Chênes à Ayeneux ont néanmoins été sensibles à l’appel à l’aide de l’ASBL.
    •  Spontanément, n’écoutant que leur cœur, ils ont proposé de mettre à disposition leurs locaux libres encore pendant plusieurs mois.
    •  Ravis de l’aubaine, les bénévoles de l’ASBL se sont employés à aménager ces locaux afin d’y loger pendant les week-ends 25 jeunes migrants.
    •  Soucieux d’une cohabitation harmonieuse avec le voisinage et afin de lever tout malentendu, ils ont invité la population à une réunion d’information conviviale organisée au tennis-club.
TC-porte
 
En réponse aux craintes exprimées.
 
Qu’il nous soit d’abord permis de saluer les nombreux citoyens qui témoignent de leur générosité et de leur humanité en solidarité avec cette action.
 
Par ailleurs, passons sur les réactions délibérément racistes qui ne méritent pas notre attention. Par contre, il est utile et nécessaire de répondre aux craintes et remarques légitimes exprimées par la population.
  •  Coût pour les pouvoirs publics ?
    •  L’action de l’ASBL est basée exclusivement sur le bénévolat et aucune demande de prises en charge ou de subsides n’a été adressée aux pouvoirs publics. Tout au plus souhaitent-ils une collaboration plutôt que des bâtons dans les roues.
    •  D’autre part, rien ne permet d’affirmer qu’il y aurait plus de délinquance dans ces populations que dans la nôtre.
  •  Migrants et SDF.
    •  Pour certains, selon une remarque de M. Robert Slangen, « les SDF sont des personnes que les gens ignorent, mais qui devient leur principale préoccupation à l’arrivée d’immigrés ».
    •  Pour d’autres cependant, leur réaction est de bonne foi. Pour eux, il faudrait en premier lieu, sinon exclusivement, privilégier les SDF de notre pays. Cette remarque doit être entendue, mais nous pensons qu’il y a place sous le soleil pour tout le monde.
    •  Rappelons d’abord qu’il y a dans notre commune des citoyens qui se dévouent sans compter au profit des SDF, et exprimons-leur notre reconnaissance. (ex. Opération thermos)
    •  Pour ces raisons, il nous paraît inadéquat, voire parfois odieux, d’opposer les uns aux autres. Tous les humains, quelle que soit leur origine, ont le droit de vivre dans des conditions décentes, et heureusement cela a été intégré dans notre législation.
À propos de l’attitude du Bourgmestre.
  •  Le Bourgmestre exige une série d’obligations réglementaires qui seraient compréhensibles s’il avait par exemple affaire à des marchands de sommeil. Or, tel n’est assurément pas le cas des propriétaires du Tennis-Club qui ne retirent aucun bénéfice de la mise à disposition de leurs locaux, que du contraire.
  •  Le contexte est ici très différent. Il ne s’agit pas du tout de créer une situation illégale, mais à l’inverse, d’améliorer considérablement la situation actuelle où des humains vivent dans des conditions indignes de notre société.
  •  Selon nous, quels que soient ses arguments, M. Houet et son équipe n’ont le droit de s’opposer à ce projet hautement humanitaire qu’à la seule condition de contribuer à trouver une solution davantage respectueuse des règlements qu’il met en évidence et au moins aussi digne et conforme à notre devoir d’humanité que le projet actuel.
  •  Les scellés de la honte.
    •  Par ailleurs, interdire une réunion extrêmement pacifique et conviviale en apposant sans raison valable des scellés de la honte sur le local qui devait l’abriter est tout simplement ignoble.
  •  La législation ignorée.
    •  Contrairement au communiqué tardif d’écolo+, nous pensons qu’il faut oser « remettre en cause le fondement légal de cette décision » en faisant appel à d’autres légalités.
    •  Si à première vue, le droit est peut-être du côté de M. Houet, il est inacceptable de ne privilégier que les lois sécuritaires. D’autres éléments de droit nous apparaissent prioritaires, citons :
      •  les droits reconnus par notre constitution (ex. : art. 23 - Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine) ;
      •  les droits consacrés par la Déclaration universelle des droits de l’homme (ex. : art. 2 - Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, et art. 20 - Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques.) ;
      •  le principe juridique de « non-assistance à personne en danger » ;
      •  la législation sociale.
Les intervenants sociaux.
  •  À l’exception du communiqué ambigu d’écolo+, nous n’avons entendu de la part des autorités communales que la voix du Bourgmestre surfant sur l’aspect émotionnellement sécuritaire. Où sont les intervenants sociaux ?
  •  Le silence de la Présidente du CPAS nous interpelle particulièrement. Quel soutien apporte-t-elle à cette « initiative citoyenne innovante », dont son groupe a fait grand cas jusqu’à l’intégrer dans son appellation ?
  •  N’est-il pas de son devoir de déplacer les priorités en abordant ce dossier vu sous l’angle social et humanitaire ?
Pour conclure.
 
Exprimons d’abord notre tristesse par rapport aux réactions négatives lues sur les réseaux sociaux. Nous osons croire qu’elles sont le fruit d’une mauvaise information, et regrettons amèrement qu’elles soient flattées et encouragées par l’attitude de M. Houet.
 
À l’heure où à la cérémonie à laquelle nous conviait récemment le Collège communal à l’occasion de la commémoration de l’armistice 1918, un illustre représentant du MR plaidait en faveur de l’accueil de l’étranger, nous nous permettons de rappeler à son chef de file qu’aujourd’hui, ce ne sont pas des supplications dont nous avons besoin, mais des actes audacieux !
 
Certes, des actes humanitaires sont posés quotidiennement dans notre commune, mais à ce jour malheureusement, ils émanent exclusivement de la société civile.
 
Nous nous devons de rendre hommage aux citoyennes et citoyens qui, d’une manière ou d’une autre selon leurs possibilités, viennent au secours de leurs semblables en situation de détresse, quelle que soit leur origine.
 
Leurs gestes d’humanité restaurent l’honneur de la commune de Soumagne abîmé par ses propres dirigeants, dont certains, espérons-le, peuvent encore sortir de leur passivité.
 
Pascal ÉTIENNE
Soumagne, le 16 novembre 2019

P-S
Nous vous invitons à lire le communiqué de presse de l’ASBL publié le 13/11/2019.
 
Pour ceux qui souhaiteraient apporter leur aide à cette ASBL humanitaire, nous pouvons vous mettre en relation avec un.e de ses responsables. Il suffit de nous le communiquer par le biais du lien « Votre commentaire ».
 
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